À toutes les belles-mamans, je sais que votre quotidien n’est pas facile tous les jours. J’ai porté vos souliers.
Lorsqu’elle songe au futur, aucune gamine ne projette de se greffer à une famille. La greffe comporte beaucoup trop de risques. Les fillettes rêvent de créer leur nid, leurs poussins, à leur rythme. Elles rêvent d’un prince, d’une balade à cheval, d’un mariage somptueux, d’un château, de fabriquer des petits, beaucoup, mais un à la fois.
Je n’avais jamais souhaité tomber amoureuse d’un papa ayant la garde partagée de trois bambins d’âge scolaire. C’est arrivé. C’est tout.
En un an, j’ai tout expérimenté: déménager pour une ixième fois, vivre en couple pour une première fois, devenir belle-maman pour deux gamines et un adolescent, survivre à un accouchement difficile, m’occuper d’un bébé aux besoins intenses…
Devenir maman constitue une merveilleuse révolution. C’est la transformation la plus brusque et la plus radicale que ta vie va subir.
Imagine que, en plein cœur de cette révolution, on ajoute la quête d’attention d’une fillette à papa, des chicanes, des crises d’adolescente, une odeur de marijuana qui se répand dans la nuit et une maison toujours en désordre. Le matin, quand ton poupon se rendort enfin, le téléphone s’active. Il faut s’assurer que la gamine a bien révisé pour l’examen, que papa n’oubliera pas le rendez-vous chez le dentiste de la cadette et que Fiston retrouvera enfin le livre que la bibliothèque lui réclame depuis deux appels!
Devenir belle-mère n’est pas une tâche facile.
Composer au quotidien avec l’âge ingrat de jeunes que t’as pas mis au monde, que t’as pas vu pousser et qui ont déjà une maman formidable pour prendre soin d’eux.
Greffer un nouveau membre à une famille demeure une opération complexe et délicate, comportant plusieurs risques et défis. Nous, on a rapidement fait une double greffe. Quelques mois après mon arrivée, un poupon surgit de mes entrailles. Les événements se sont bousculés.
Je m’en excuse mes beaux-enfants! De ça et de toutes les fois où je n’ai pas été à la hauteur.
Aucun gamin n’a jamais rêvé de voir ses parents se séparer, de trimballer ses valises d’une maison à l’autre, d’avoir toute l’attention de son papa pendant quelques années, pour devoir ensuite la partager avec une autre femme, puis avec un nouvel enfant, et deux, et trois…
À mon arrivée, vous avez dû vous adapter. Encore!
Cohabiter avec un quatrième adulte. Changer de chambre. Manger différemment. Suivre des règles différentes. Devenir grand frère et grande sœur. Tout ça en un an!
Ça n’a pas toujours été facile, pour vous comme pour moi. Il y avait des personnalités plus difficiles à greffer l’une à l’autre.
Mais ça fait un moment que je réalise à quel point j’ai eu de la chance. Par orgueil, je ne vous l’ai pas dit. Mais maintenant, j’y remédie.
Je vous vois mûrir et je contemple les adultes merveilleux que vous êtes devenus.
Je suis fière de ce que vous accomplissez, de vos projets, de vos talents, de votre humanité. Mes plus grands moments de fierté sont lorsque j’assiste à vos instants de complicité, entre petits et grands, entre les six frères et sœurs. Vous êtes mes beaux-enfants, mais vous n’avez jamais été les demi-sœurs et demi-frères de ceux que j’ai mis au monde. Il n’y a pas de demi-mesure entre vous. À leurs yeux, vous êtes parfaits. Trop vieux pour la chicane (quoi que nous ayons connu un partage de chambre chaotique 😊 ) mais encore assez jeunes pour rester vachement cool!
Vous êtes là pour chaque événement important. Vous nous manquez tellement depuis un an!
On a fêté un anniversaire sans vous, pour la première fois. Parce qu’en février, ce n’est pas simple d’improviser un pique-nique!
Bientôt, je deviendrai l’une des nombreuses grand-mamans d’un petit mec qui sera assurément le plus beau poupon du monde! Je pense que vous deviendrez tous, dans les années à venir, des parents extraordinaires. Je me remémorerai avec nostalgie l’époque où je jouais à la pieuvre avec la cadette.
Je vous aime!
P.S. À toutes les belles-mamans, je sais que votre quotidien n’est pas facile tous les jours. J’ai porté vos souliers. Je ne vous dirai pas d’apprécier ce que vous avez, que le temps passe trop vite. Ben non! Je sais que des fois, le temps, il peut être tellement lent. Je vais juste vous souhaiter d’aboutir au même constat que moi dans dix ans.
Mélissa M.