À toi qui me regarde comme si on s’en allait direct dans un mur de briques en choisissant d’avoir un troisième enfant ou encore qui va au-delà de tes yeux mi-jugeants mi-ben-inquiets, avec un «Oh boyyyyy, tu es courageuse!» ou la version sans filtre «Tu es folle!!!!!!». Ben voyons vous autres?
Je t’annonce pas que c’est mon treizième, trois, comme dans après deux et dans bien des familles de ce monde. Pis mettons que c’était mon treizième, c’est toujours bien pas toi qui va le gérer et l’élever cet enfant.
Tu ne te lèveras pas la nuit, ne l’allaiteras pas, et ne géreras pas les quatre-vingt-deux rhumes quand il va commencer la garderie, on va tout gérer ça comme des grands, don’t worry.
Et que dire quand je t’annonce qu’il s’agit ENCORE d’un garçon, un autre, un troisième.
Nous aurions pu répertorier les meilleures répliques, mais allons-y des classiques: «Tu vas pouvoir te partir une équipe de (insérer ici le sport de votre choix)» ou «Il va y avoir de l’action chez vous ».
Merci au masque de camoufler mon non verbal (ou pas), dans ces moments où j’ai envie de répondre: « J’y avais pas pensé» ou encore «Tu es le premier à me le dire.» Et, non on n’aura pas un quatrième pour tenter d’avoir une fille et non je ne suis pas en dépression comme je ne ferai (probablement) jamais de tresses, tout va bien, je suis même contente d’avoir un petit trio de boys. On va sauter le répertoire de réactions/répliques quand j’ajoute que mon plus vieux aura trois ans et demi à la naissance du troisième.
Il semblerait que malgré l’expérience dans le monde de la parentalité, on oublie rapidement que la création d’une famille ainsi que son évolution deviennent soudainement l’objet de l’opinion publique.
Et si on gérait seulement notre petit pied carré et on allait d’un poli: « Je suis content(e) pour vous si ça vous rend heureux, je vous souhaite le meilleur.». Quelque chose de simple, non-jugeant, doux, non-confrontant. Je dis ça comme ça.
Bien entendu, je suis pleinement consciente que la grande majorité des gens n’ont pas de mauvaises intentions malgré leur réaction parfois assez farfelue, mais ça me porte encore une fois à me dire, peut-on juste vivre et laisser vivre.
Nous ne sommes pas ignorants (bon, on vit parfois un peu dans un monde de licornes, mais il le faut pour se lancer dans la parentalité non?), notre décision a été réfléchie, discutée, mijotée, retournée de tous les côtés et ce bébé sera certainement aimé.
Marjorie C-H