T’as jamais pu nous faire tes adieux comme tu l’aurais voulu. Quand t’as su que c’était le dernier chapitre, t’étais déjà plus tellement toi.
Il y a un an et un jour, je te demandais la permission pour que mes enfants puissent entrer dans ta chambre d’hôpital lorsqu’ils viendraient me chercher. Tu voulais pas qu’ils te voient comme ça. Je ne pouvais pas les laisser dans l’auto, leur voler leurs adieux. Pour eux, t’étais pas un papi, t’étais LE papi, le seul qu’ils ont connu, celui qui les a tous vus et cajolés le jour où ils ont atterri dans notre monde. T’étais un papi tellement cool avec tes glissades, ta poche de maïs destinée aux canards, tes talents de bricoleur et tout le reste.
Il y a un an et un jour, je t’ai fait mes adieux. Dans ma tête. Sans l’admettre.
Il y a un an, je déshabillais Marion, dans le vestiaire du CPE. Mon téléphone a sonné. Je ne réponds jamais. (Vous me l’avez souligné assez souvent!) Mais cette fois, c’est sans hésiter que j’ai pris l’appel. J’ai reconduit ma poulette de 3 ans dans son groupe. Mine de rien. Puis, j’ai rejoint mon amoureux qui m’a conduit à ton chevet. Retrouver ma mère et mon frère. Pleurer sur ton cadavre.
Tu m’as transmis tant de parcelles de toi. Ta grandeur, ton amour du chocolat, ta blancheur, ta rouille, tes histoires trop longues qui passent par Moscou pour se rendre à Québec, tes grandes oreilles à moitié sourdes…T’avais meilleur caractère que moi par exemple!
On pense à toi tout le temps.
On pense à toi lorsque mon aînée apprend qu’elle a un oral. «Tu te souviens la belle maquette que Papi-Mamie m’avait faite il y a deux ans?» Ils le répètent encore souvent les enfants «Papi-Mamie». Est-ce qu’on va fêter Noël chez Papi-Mamie? Lorsqu’ils oublient ton nom dans l’équation, je l’ajoute. J’insiste. Je ne supporterais pas qu’ils t’oublient. J’ai mis des photos partout.
On pense à toi chaque fois qu’on se balade en plein air, qu’on contemple des oiseaux. J’ai beaucoup pensé à toi au chalet cet été. Lors d’une randonnée de kayak, j’ai vu quelque chose que je n’avais encore jamais vu. Un têtard dans un état de transformation extrême. D’un côté, il avait déjà une patte, et de l’autre, un restant de queue. J’ai regardé mes enfants toute émerveillée. Ils semblaient bien plus impressionnés par mon débordement d’enthousiasme que par le batracien en question. «My God, t’es ben énervée maman!»… Toi, t’aurais compris!
On pense à toi chaque fois que le plafond coule, que le plancher décolle, que mon aînée se fâche contre le mur.
On pense à toi tout le temps!
Aujourd’hui un peu plus que les autres jours.
On t’aime!
Mélissa M.