J’ai vécu ma dernière grossesse en pleine pandémie, et je n’étais pas sans me douter que j’allais donc vivre mon dernier accouchement en pleine pandémie également.
J’avoue que je me suis beaucoup questionnée tout au long de cette aventure.
J’avais bien entendu une longue liste de questions à poser à mon médecin. Ce qui est difficile quand on essaie de planifier un peu l’accouchement à venir, ce sont toutes les variables inconnues à notre équation. En pleine pandémie, il y a constamment de l’inconnu.
La première vague avait peint un portrait complexe de la gestion à domicile, mais aussi d’un séjour à la maternité.
Est-ce que papa allait pouvoir m’accompagner? Sortir et entrer de la maternité? Est-ce que j’allais pouvoir avoir quelqu’un à la maison pour garder mes trois autres enfants?
Toutes ces questions, qui explosent en même temps qu’on voit la date prévue d’accouchement approcher, amènent somme toute un certain stress de plus à gérer.
Une éclosion à la garderie au début du mois fatidique. La peur d’être isolée de mon bébé si je dois accoucher avec un test positif à la COVID. La difficulté de convaincre les proches, potentiels gardiens de mon clan, que malgré les nez qui coulent et la petite toux de mon garçon, personne sous mon toit n’est atteint du virus (résultat de test à l’appui!). Et on oublie rapidement qu’on peut envisager de l’aide à la maison avec bébé, parce que tout le monde trouve ça bien complexe.
Malgré toute cette brume d’incertitudes et de cœur serré dans la poitrine, on a hâte de rencontrer bébé.
Mon quatrième bébé. Ma quatrième rencontre. Ma dernière première rencontre.
Mon premier accouchement non provoqué. Mon premier accouchement masqué (j’ai perdu mon masque quelque part entre deux contractions…). Mon premier bébé de 8 lb. Un accouchement totalement normal, si on oublie les masques et habits de cosmonautes du personnel soignant. Un accouchement qu’on n’oublie pas.
Je suis revenue à la maison, 24 heures après mon accouchement.
Notre merveilleuse aide à la maison est partie. Les enfants ont rencontré leur petit bébé frère. L’amour s’est installé entre eux. On se confine dans notre recherche d’équilibre familial. On s’accueille en pleine pandémie, loin de tous. On rêve de voir nos proches. On acclimate le temps.
À travers toutes ces premières, je réalise aussi que c’est une série de dernières qui attend ma prise de conscience… Mais bébé d’abord!
Emmanuelle P.