Depuis aussi longtemps que je puisse me souvenir, tu es ma meilleure amie. Tu es cette personne extravertie, confiante, drôle, que littéralement tout le monde aime. Je sais que la dernière année et demie n’a pas été facile pour toi. J’en suis consciente. Mais je te regarde aujourd’hui et je me demande, le suis-je vraiment, consciente de ce que tu as vécu?
Tu as rencontré quelqu’un tôt, très tôt, peut-être même trop tôt, après la rupture de cette longue relation de couple. Tu disais toi-même qu’il était un «rebound» qui avait duré trop longtemps, mais te voilà encore là, à ses côtés.
J’ai l’impression que je suis la seule de nous deux à voir la toxicité de cette relation.
La première année, c’est la période «lune de miel»; on s’aime donc, on s’ennuie, on veut passer tout notre temps avec l’autre. On ne passe pas son temps à se chamailler, à se blesser et à menacer de partir. Tous ces mensonges qu’il te raconte. Toutes ces bonnes excuses pour se justifier. Tous ces mauvais mots prononcés, ces insultes même, que ce soit sur le coup de la colère ou non. Mais, tu dis que tu l’aimes. Penses-tu que c’est ce que à quoi doit ressembler le début d’une relation? Ne devrait-il pas en être autrement? Et quand tu me dis que tout va bien et que vous êtes dans «une bonne passe», j’ai l’impression de lire un passage du roman «Le Monstre» d’Ingrid Falaise. Tu me diras que ce n’est jamais aussi pire. J’en conviens. Ce n’est jamais aussi pire que son roman… à date… jusqu’au prochain désaccord.
Tu me dis que tu es heureuse. Est-ce que tu essaies de me convaincre ou de te convaincre?
Tu mets des tas de photos sur les réseaux sociaux. T’es belle, n’en doute jamais, mais moi, dans ces yeux heureux comme tu dis, je vois une tristesse, une douleur. Comme si tu pensais que tu avais besoin de lui ou d’être en couple pour être heureuse. Ne vois-tu pas à quel point tu es forte? Et forte ne veut pas dire de ne pas pleurer, au contraire. C’est justement de laisser aller ses émotions, laisser sortir sa colère, comprendre ce qui ne va pas, et vouloir le changer.
Je sais que je ne peux pas changer ta situation.
Tu me dis que tu es bien là-dedans. Je n’ai pas à approuver ou non cette union, mais sache que je ne m’en réjouis pas. Je veux ton bonheur et que le meilleur pour toi. Même si ça veut dire t’épauler et être là pour toi, même dans une situation qui me rend inconfortable. Je sais que nous sommes plus fortes que ça, que ce n’est qu’une phase plus difficile dans nos vies, ensemble.
Je voudrais qu’il lise ce texte, pour comprendre ce que j’éprouve, mais surtout, pour comprendre qu’il ne nous séparera jamais.
Je serais toujours là, dans ton angle mort, en cas de besoin. Si, ou quand, tu décideras de quitter cette emprise et de ne pas te retourner, pour de vrai cette fois, je serai là, encore. Je ne te dirai jamais «je te l’avais dit» (même si bien honnêtement, je le penserai!). Je te consolerai et te dirai des tonnes de niaiseries, parce que nous y excellons tellement! Et parce que vraiment, être là pour toi, c’est tout ce que je peux faire.
Ta BFF
P.S. L’isolement et les situations anxiogènes mènent souvent à la violence conjugale; physique, mais aussi psychologique et verbale. Que vous soyez victimes ou témoins, il faut en parler et le dénoncer. C’est faire preuve d’une très grande force et d’un énorme courage que d’aller demander de l’aide. Et heureusement, il existe de multitudes de ressources et d’organismes aidants. N’attendez «la prochaine fois» pour agir.
S.O.S. VIOLENCE CONJUGALE
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