Et si tu n’existais pas (Joe Dassin, 1975)
Mon amour,
Un jour viendra où tu me demanderas peut-être si c’était une bonne idée d’avoir un enfant en pleine pandémie? À cela je souhaiterai te donner une multitude de raisons, mais je ne vois que la plus importante; pour que tu le rencontres, lui.
Celui qui, depuis des années, attendait le jour où son cœur exploserait dans sa poitrine à l’annonce de ton arrivée.
Celui qui, à cause des mesures sanitaires, a dû vivre toutes les étapes importantes de cette grossesse à distance, mais qui a su se réinventer pour combler son absence.
Celui qui ne t’a pas senti grandir dans son ventre, mais qui a toutefois vu ses pantalons rétrécir, boudé la balance plus d’une fois et dévalisé les étals du rayon volaille pour calmer ses fringales alimentaires.
Celui qui n’a pas voulu manquer une seule occasion de créer un lien avec toi, comme en souhaitant participer au cours de yoga prénatal, en portant un bola de grossesse et en lisant «Tout ce qu’il faut savoir sur la maternité».
Celui qui a fait une étude de marché sur les modèles de poussettes et les sièges autos.
Celui qui a veillé quand ça n’allait pas, qui a apaisé bon nombre de situations, qui a cédé à de nombreux caprices avec une patience d’ange, qui s’est transformé en homme de ménage, masseur, cuisinier et j’en passe, tout ça dans le seul but de rendre ta croissance plus agréable.
Celui qui chaque matin et soir, sans exception, s’est entretenu avec toi, t’a raconté des blagues, fait des bisous qui pètent et murmuré quelques secrets.
Celui qui, un crayon dans une main, un appareil photo dans l’autre et la tête pleine d’idées, a fait de toi sa muse alors qu’il ne t’avait même pas encore rencontré.
Celui qui dorénavant conjugue tous nos projets futurs non plus à deux, mais à trois. Celui qui ne trouve pas de mots pour décrire combien il t’aime.
Tu auras donc compris, mon amour, que pandémie ou pas, la plus belle raison pour laquelle tu es venue au monde c’est pour le rencontrer, ton papa.
Manon N.