Bien que je partisse de très loin, mon premier accouchement s’étant soldé par la mort de mon bébé à la suite d’une césarienne d’urgence, j’ai souhaité un accouchement vaginal et je l’ai réussi. Pour atteindre cet objectif, j’ai dû me laisser mourir à quelques idéaux, dont celui d’accoucher à la maison de naissance et de ne pas avoir recours aux hormones synthétiques.
Mon suivi de grossesse a été assuré par une sage-femme qui a courageusement accepté de m’accompagner dans cette aventure anxiogène de porter la vie après avoir porté la mort.
C’est au moment de la délivrance que j’ai cédé et que j’ai demandé mon transfert à l’hôpital. L’accouchement a commencé comme un tremblement de terre, sans signes annonciateurs. J’ai perdu mes eaux subitement pour être ensuite secouée à 5,8 sur l’échelle de Richter toutes les 5 minutes. Le modus operandi ressemblait tellement à ma première expérience que la peur m’empêchait de sécréter de l’endorphine, ressentant ainsi pleinement chaque contraction.
4 heures après le début du travail, n’en pouvant plus de la douleur et constatant que le travail stagnait, j’ai demandé la péridurale.
Je venais de signer mon transfert à l’hôpital. Arrivée, je fus accueillie par une infirmière qui m’a pris la main et qui appuyait sur un point de pression situé entre le pouce et l’index, elle m’a ainsi permis de relaxer et de m’évader de mon corps en souffrance. L’anesthésiste a mis 3 heures à cibler le bon endroit où injecter l’antidouleur, mon dos était criblé de trous d’aiguille et étrangement, je ne ressentais plus rien, l’infirmière me tenait encore la main et surveillant le moindre inconfort fœtal, j’étais rassurée.
Une fois anesthésiée, on m’a suggéré de me reposer jusqu’au moment de la poussée, moment qui a tardé au point où j’ai dû prendre des hormones pour accélérer le processus, un autre idéal que j’ai abandonné, car l’alternative était la césarienne et je refusais catégoriquement qu’on ouvre la sortie de secours une seconde fois.
À l’aide des hormones synthétiques, le col s’est enfin complètement effacé et vint le temps d’expulser mon enfant.
J’allais enfin prendre mon bébé dans mes bras après 4 ans d’attente.
J’ai dû user de patience encore plusieurs minutes, il était bien coincé dans mon bassin, le médecin apercevait sa couronne dorée, mais il ne sortait pas.
On m’a offert la césarienne une dernière fois, ce que j’ai refusé.
Ils ont répliqué en me proposant les forceps et l’épisiotomie. J’ai accepté les forceps, mais refusé qu’on me découpe et je force de tout mon être, c’était la poussée de la dernière chance. Après celle-ci, je n’aurai plus le loisir de refuser la césarienne, on m’a bien averti.
Je ne me résigne pas si facilement, j’ai poussé, mon conjoint et ma sage-femme retenaient le haut de mon corps pendant que le médecin tirait sur le bébé.
Mission accomplie, j’ai expulsé mon garçon et la césarienne est derrière moi.
Pénélope Roberge