Ma fille,
Mon cœur se serre à l’idée de devoir l’admettre… mais il t’arrivera de te détester. Il t’arrivera de te regarder dans le miroir et de voir une version de toi-même qui ne te représente pas du tout. Tu te compareras à de l’imaginaire et tu te convaincras que le réel n’est pas suffisant.
Parce que dans un monde où tu seras constamment bombardée de superficialité, il te sera difficile de croire que tu peux être merveilleuse en étant toi-même.
Tu auras parfois l’impression d’être trop petite, parfois l’impression d’être trop grosse. Tu voudras que tes cheveux raides deviennent frisés et tu essaieras d’accentuer ton regard qui est déjà si parfait.
Même la petite voix dans ta tête se mettra de la partie pour te dire que tu aurais dû faire mieux. Elle te donnera l’impression que toutes tes minuscules erreurs sont monumentales, elle essaiera de te faire croire que tu ne mérites pas vraiment ce qui t’arrive de bien et te laissera entendre que tout ce qui t’arrive de mal est ta faute.
Mon cœur se serre à l’idée de devoir l’admettre… mais il t’arrivera de croire que tu n’es pas assez.
Tu réussiras à percevoir tout ce que tu n’es pas en quelques secondes, alors qu’il te sera impossible d’admirer tout ce que tu es. Tu te compareras à des vies inventées et tu te convaincras que ta vie n’est pas assez.
Parce que dans un monde où la perfection n’existe pas à force d’être repoussée, il te sera difficile de croire que tu peux réellement t’aimer. Tu trouveras que tes seins ne sont pas assez gros ou que ta taille n’est pas assez fine.
Tu chercheras à atteindre une image qui ne se dessine pas, alors que ton image est déjà bien tracée.
Mais ma fille,
Lorsque l’image de toi-même sera déformée et qu’elle te sera présentée sous forme de photo ratée, prends quelques secondes pour replacer ton objectif. Parce que l’objectif que tu utilises ne doit pas être teinté de filtres inventés. Il t’appartient de décider ce à quoi tu veux ressembler, comme il t’appartient de décider de tes propres standards de beauté.
N’attends pas que les autres te trouvent belle… tu devras le faire toi-même. Parce qu’à force d’attendre de te faire admirer, tu oublieras de voir comme tu peux rayonner.
Et ma fille,
Sache que nous possédons tous cette petite voix qui nous donne envie de nous détester. Elle s’introduit dans nos pensées pour modifier la réalité. Elle est rapide, elle est mesquine, elle est puissante… mais comme cette petite voix t’appartient, tu peux la contrôler.
Lorsque tu auras de la difficulté à la faire taire, je serai à tes côtés pour te rappeler qui tu es. Je te servirai de miroir pour te refléter que tu es forte, que tu es intelligente, que tu es belle, que tu es drôle, que tu es généreuse…
et ma fille, parce que j’ai bien souvent eu du mal à faire taire ma propre petite voix, je pourrai ajuster ton objectif aussi souvent qu’il t’en sera nécessaire.
Marie-Soleil F.